Carnet de route
Semaine Alpi à Chamonix
Le 07/06/2024 par Adrien Gaubert
Semaine Alpi du 3 juin 2024 à Chamonix
J'écris ces lignes depuis mon lit, vue sur l'aiguille d'Encrenaz à Chamonix, dans la chambre du Chalet Alpin du Tour avec mes compagnons de cordée que sont Maxime et Damien. C'est notre première journée et notre objectif est de s'acclimater avec cette montagne qui pour ma part m'est quasiment inconnue.

Montenvers
Programme plutôt léger sur le papier mais il s'est avéré assez sportif au final. Départ du parking des Tines dans la vallée à 1100m, « oops j'ai oublié mes chaussettes » qu'il dit !! C'est pas grave tu en trouveras sûrement à la gare de Montenvers. Arrivés là haut après deux heures de marche, parmi tous les goodies, pas de chaussettes ! Bah c'est pas grave, on s'habitue !! Cela ne nous a pas empêché d'admirer les belles crêtes alentours, notamment les Drues qui se sont offertes à nous l'espace d'un instant au travers des nuages bas. Nos regards se baissent, le constat est désastreux, la mer de glace n'est plus ou presque. Un nouveau téléphérique permet de descendre à la grotte de glace. Pour nous se sera plutôt les barreaux d'une via ferrata fraîchement installés pour nous permettre de gagner le glacier. De là, exercices de mises en conditions pour les jours suivants, marches avec crampons, encordements,.. Il est temps de repartir, nous en profitons pour visiter la grotte de glace, c'est impressionnant et magnifique à la fois !
Retour à pieds même si le train nous faisait des clins d'œils, à défaut on s'arrêtera à mi-chemin pour goûter la meilleure bière blanche du monde à la buvette Caillet nichée au milieu de nulle part, retour au chalet, demain sera le début de la rencontre avec la très haute montagne.

Les drues
Réveil plutôt tardif pour faire de l'alpinisme mais nous sommes contraints par les horaires du Skyway, les cabines téléphériques Italiennes. Nous arrivons à la pointe Helbronner à 3460m. Çà y est ! Nous y sommes, c'est la très haute montagne, il nous faut enjamber les panneaux qui dissuaderaient n'importes quels hommes censés hormis les nombreux alpinistes qui nous accompagnent. Après les explications de Maxime sur l'encordement sur glacier nous entamons une courte mais très spectaculaire marche sur le glacier du Géant avant d'atteindre le début de notre course qui sera les arêtes marbrées. C'est une course côté PD mais qui demandera un peu d'engagement notamment sur les quelques passages d'arêtes encore biens enneigées. Les températures élevées et la neige en abondance auraient pu être un facteur de chute alors nous avons prit toutes les précautions. Il est déjà tard et nous progressons lentement, les prévisions météo ne sont pas bonnes pour cette fin de journée, nous décidons de ne pas poursuivre la traversée par l'aiguille sud et faisons un rappel au niveau d'une brèche pour réussir à attraper la dernière cabine in-extremis. Ce soir nous retrouverons notre guide Carlos pour les prochains jours. Nous savons malheureusement que ce qui était prévu ne pourra pas être réalisé aux vues de l'enneigement et surtout de la météo, va falloir modifier nos plans ! Heureusement ce n'est pas ce qui manque ici !

Les aiguilles marbrées
Ce sera la traversée des Perrons, côté AD ! Arrivés au lac d'Emosson en Suisse où il paraît que des traces de dinosaures sont fossilisées. Pas le temps pour la paléontologie, nous cramponons et entamons une longue montée dans un couloir très raide qui nous demande de nous encorder. Au sortir d'une cheminée la vue se dégage enfin. Un magnifique panorama nous fait face, au loin plusieurs 4000 avec des noms prestigieux. Après une petite pause pour nous remettre de nos efforts, nous démarrons la traversée corde tendue. De superbes passages en arête, très aériens et bien protégés par des becquets ou bien des friends judicieusement placés dans les fissures. Nous progressons bien ! Arrivés à la première pointe, deux rappels s'en suivent pour se retrouver à un petit col. Delà nous attaquons trois longueurs avec un pas en 4C, on entendra Maxime crier : « Mais que c'est beau, que c'est beau !! ». Nous atteignons le sommet , une croix en bois s'y trouve, rafistolée d'une cordelette, cela nous suffit à immortaliser l'instant.
Il se fait tard, le ciel menaçant nous rappelle qu'il ne faut pas traîner en montagne. La redescente se fait par une raide cheminée enneigée. De face ou de dos, chacun adopte la technique qui lui va bien pour rejoindre des pentes plus douces, mais au cours du cheminement Maxime dévisse une première fois percutant mes fesses qui peuvent attester que les crampons ont des pointes acérées, puis une seconde fois volontairement pour nous entraîner à enrayer une chute dans la pente.

Les perrons
Le lendemain, nous optons pour le même style de course, direction La Clusaz, le col des Aravis pour faire la traversée de l'arête à Marion. Course plus courte que la veille car la météo doit se dégrader en début d'après-midi. La marche d'approche se fait aux travers de jolis prés où pâturent les Montbéliardes puis rapidement la pente s'élève fortement ce qui rendra la progression très éprouvante. Carlos cherchera le départ car se dernier est caché par la neige, il se lance malgré tout et finit par trouver le relais. Je le rejoins et en mode réversible réalise la seconde longueur. Maxime et Damien nous talonnent. Une fois au col nous aurions dû démarrer la traversée de l'arête seulement le temps très incertains nous décide à ne pas continuer. Les gouttes qui tomberons un peu plus tard nous donneront raison. Nous retrouvons nos bâtons laissés au bas de la voie et l'on admire plusieurs marmottes qui jouent les gardiennes de nos effets. L'une d'elles ne semble pas apeurée à notre venue mais quelle surprise lorsqu'on s'aperçoit qu'elle est entrain de dévorer la dragonne d'un des bâton. Une fois l'animal mis en déroute, nous faisons l'état des lieux, aucun des bâtons n'a été épargné, la mousse ou le liège gardent les stigmates de l'attaque. A défaut de traces de dinosaures nous aurons celles des dents des marmoittes à jamais sur nos bâtons !!

L'arête à Marion, Aravis
Le matin suivant la météo n'est toujours pas au rendez-vous, des ondées et du vent violent en altitude nous obligent une fois encore à trouver une parade. Direction la mer de glace mais cette fois via le petit train de Montenvers. Nous arrivons les premiers, ce qui montre notre motivation. Nous sommes rapidement sur la glace grâce aux nouvelles infrastructures récemment mises en service.

La mer de glace
Nous sommes nombreux, beaucoup d'alpinistes ont choisis ce jour pour apprendre ou perfectionner les bons comportements à adopter sur la glace. Au menu, descente en dix pointes, réalisations de marches aux piolets, remontées en piolets tractions ou descentes en piolets rampes, exercices de sortie de crevasse. La pluie et un léger épisode de grêle viennent stopper notre entraînement. Retour sur Chamonix, c'est alors que Carlos enfile sa casquette de guide touristique en nous faisant part de l'histoire du début de l'alpinisme dans la vallée. Visite des lieux emblématiques tels que le bureau des guides ou bien encore le bar des sports dont les anecdotes y sont croustillantes.
Sachant que la météo ne sera guère meilleure le lendemain, nous pouvons nous laisser aller, la soirée tout comme la semaine restera mémorable !!!
Adrien Gaubert






