Carnet de route

Sortie : Rando alpine - Picos del Infierno du 27/08/2022

Le 27/08/2022 par Jean Macias

JEAN M : les "Picos del Infierno" ou Pics d'Enfer doivent leur nom à Russell, qui, peu avant de réaliser la "première" en 1867 (1), devant le déchaînement des éléments à l'approche des sommets, déclara qu'il s'agissait d'un Enfer... Leur nom d'origine, guère utilisé de nos jours, est "Quijada de Pondiellos" (Mâchoire de Pondiellos). Les "Infiernos" sont visibles depuis de nombreux sites ou sommets même éloignés, en raison d'une curiosité géologique: le massif est en effet traversé par une immense dalle calcaire de couleur blanc/grisâtre, alors que les autres flancs et le sommet de la montagne, schisteux, sont de couleur brun-rouge. En ce qui nous concerne, ce ne fût pas l’Enfer ☺. Bien au contraire, nous avons bénéficié de l’enchantement à tous les instants…
(1) Première ascension en juin 1867 par Russell et le guide Sarettes qui durent s'y prendre à deux fois en raison des très mauvaises conditions météo.

Jean-Pierre D : Jean nous a concocté une vraie rando ALPINE, ainsi qu’il avait spécifié dans le programme ! C’est aussi sa création, car nous ne l’avons pas trouvée sur les différents sites. Accès depuis la Plaa d’Asté, Longue, longue remontée au col de la Pierre Saint Martin, descente au barrage inachevé de Campoplano et remontée vers le lac de Llena Cantal où il avait trouvé un bivouac de rêve lors d’une précédente reconnaissance. Après une nuit étoilée et ponctuée par les sonnailles de moutons curieux, la journée d’ascension aux Infiernos a été un pur bonheur : vue claire et dégagée, arrêtes vertigineuses et royales (marbre blanc svp !) Bref : ambiance très sportive et conviviale comme sait le faire le Club.

Marie-Pierre M : récit de notre formidable aventure aux Picos del Infernio : Samedi 27 août : Après plusieurs désistements (dommage pour eux) nous partons à 4 à l’assaut du (des) Pico(s) del Infernio. J’étais persuadé qu’il n’y avait qu’un seul sommet à plus de 3 000 mètres. Ce sera la belle surprise d’en découvrir 3 pour le prix d’un. Et oui, c’est jour de soldes versant espagnol : pour un Pic grimpé, vous repartez avec trois sommets effectués. Ce qui fait que pour un 3000, vous avez 3 x 3000, ce qui fait 9000 mètres !!! ☺. Nos muscles auront d’ailleurs la sensation d’en avoir fait autant à la fin du week-end... Nous partons donc au petit matin ensommeillé qui de Baraqueville, Castres et le dernier petit veinard de Muret, une heure de sommeil en plus pour lui. Bien sûr, il me dira que ce n’est pas vrai. Départ depuis le plan d’Aste au-dessus du Lac du Tech. Il est un peu plus de 10h30. Nous montons au travers d’une belle sapinière rafraîchissante. Nous accédons à un premier lac qui a bien souffert de la sècheresse liée à un été torride. Puis, nous entamons une longue traversée en balcon ascendant vers le col de la Peyre Saint Martin (je l’appellerai plutôt le col de St Désiré…) La montée est très douce mais très longue. Petit arrêt pique-nique à l’unique point d’ombre trouvé au pied d’une petite falaise. En début d’après-midi, nous voici enfin arrivés au Col qui sert de frontière avec l’Espagne. Nous avons une belle vue sur le magnifique lac de Campo Plano, lac de montagne situé à plus de 2100 mètres. C’est une palette de bleu et de vert. Il semblerait que les prairies espagnoles résistent mieux à la sècheresse ou alors ce sont les récents orages qui ont pu redonner un peu de couleur aux alpages. Nous entamons une belle descente dans la rocaille pour enfin fouler cette plaine verdoyante (j’exagère juste un peu ☺). Un sol moelleux, c’est bien agréable et c’est tout plat pendant
quelques centaines de mètres. On savoure. On jette un oeil à la suite. Aïe ! Aïe ! ça va faire mal aux pattes… Il nous reste encore une bonne heure et demie de marche pour accéder à l’Ibon de Lena Cantal et ça monte dur ! Mais, nous avons une compagnie bien sonnante qui nous entraîne. Un beau troupeau de brebis nous accompagne tout le long de l’ascension, histoire de voir si l’herbe ne serait pas plus verte là-haut. Elles font même la course. Vous pensez ces bêtes lentes et maladroites sur les chemins escarpés. Elles nous démontrent le contraire. On a même un peu de mal à suivre leur rythme. Se faire semer par des brebis… J’en deviens tortue avec mon lourd barda sur le dos : sac à dos avec tente, réchaud (chut, c’est pas moi qui le portait, mais faut pas le dire… Euh ! un petit malin m’avait alourdi d’une corde, je ne sais pas pourquoi ???) En fait, on plouffe : ça sera toi qui la portera… Aujourd’hui, c’est tombé sur moi…). Bref, plus ça monte, plus le sac est lourd… Il doit y avoir une formule qui dit que la force de gravité est proportionnelle à l’altitude et à la fatigue… C’est le théorème du randonneur enharnaché… Enfin, nous voilà en vue de l’Ibon de Llena Cantal. Chouette, on va pouvoir se prélasser au bord du lac les pieds en éventail. Mais non, notre coach nous amène toujours plus haut, toujours plus loin… Je vais finir par le maudire… Dis, on ne serait pas bien, là, au bord du lac. Il est intransigeant le bougre. Il m’affirme que plus haut, il y a une source, une super zone de bivouac à l’abri des regards… Bon, on le croit et on continue. On n’est plus à une demi-heure près… Et nous parvenons à une superbe zone de bivouac, bien enherbée (les sardines de la tente rentrent dans le sol comme dans du beurre) avec effectivement une source pure à proximité. Jean, là, tu nous fais oublier tous les efforts fournis pour arriver ici.
Nous installons notre bivouac. Nous sommes comme des princes et des princesses. Un terrain moelleux, de l’eau pure, un paysage fabuleux… Nous dînons encore plus tôt qu’à l’Ehpad et nous couchons encore plus tôt que les poules. Ce sera une superbe nuit étoilée.
Dimanche 28 août : Le lendemain, réveil à 6 heures. Nous laissons les tentes en place. Eh oui, c’est l’avantage d’avoir planté le bivouac à l’écart de toute voie d’accès et à l’abri des regards… Nous partons à 7h00 pétante pour nous frotter aux Picos del Infernio. D’emblée, nous voici dans l’ambiance. Une montée raide dont seuls les Espagnols ont le secret. Pour eux, le plus court chemin étant la ligne droite, nous voici arcbouté sur le versant de la montagne dans un éboulis de petits cailloux avec la chansonnette "trois pas en avant, trois pas en arrière ; et ça faisait roulis-roulas…" Après l’éboulis, nous grimpons par une cheminée pentue mais accessible. Nous voici parvenus au collado de Tebarray qui domine son joli lac tout rond éponyme. Une descente et une traversée plus loin au-dessus du lac, nous voici au Cuello del Infernio. Enfin, nous voici au pied de notre montagne tant espérée. J’avoue que du bas, elle paraît assez impressionnante. Mais, bon dieu, par où ça passe ??? Jean, toujours pragmatique me rassure "t’inquiète, j’ai la trace sur le GPS. Je l’ai déjà fait." Vive le monde moderne, pourvu que la technologie ne nous laisse pas en rade. Y’a des cairns partout, y’a que l’embarras du choix… Du coup, on ne sait plus très bien où faut-il passer ? On entame une ascension sur le flanc Nord de la montagne puis nous contournons une barre rocheuse par le versant Ouest. Nous suivons un magnifique tracé ascendant qui est la limite entre la roche très noire du Pic et une pente de roche de marbre blanc magnifique (on dirait presque de la neige…). Là, de nombreux passages où il faut mettre les mains et ne pas se déconcentrer en regardant cette magnifique roche de marbre qui servirait de toboggan sans fin. Ce n’est pas difficile mais mieux vaut être vigilant. Après un dernier effort, nous parvenons au sommet occidental des Picos del Infernios (altitude : 3080 mètres). C’est un régal. Une vue à 360° : depuis l’ouest, le superbe Jean Pierre (Pic du Midi d’Ossau), le Balaïtous, le Gavizo Cristail et d’autres encore ; vers l’Est, le Vignemale et même le Pic de Midi de Bigorre (c’est encore jour de solde, 2 Pics de Midi pour une seule ascension). Mais ce n’est pas fini… Nous continuons le long d’une magnifique arête très aérienne (encore le splendide marbre blanc) mais très ludique et abordable (bon ! ne vaut mieux pas avoir le vertige). Nous voici au Pic Central (altitude : 3082 mètres, ouf ! C’est quand même un 3000 ☺). Et là, ce n’est pas encore fini, on franchit un petit col et on accède au Pic Oriental (3074 mètres) le Vignemale nous paraît si près… Nous sommes seuls, en haut de cette somptueuse montagne marbrée de blanc et de noir avec un horizon infini. On aurait presque envie de s’y éterniser… Mais comme la meilleure course est celle où l’on en revient, nous sommes bien obligés de quitter ce monde magique des sommets qui nous fait tant rêver et tant nous transcender… Et là, nous allons réaliser que nous avons bien fait de partir aux aurores en bivouaquant au plus près possible du sommet (euh ! c’est quand même relatif, tout ça…), car sur le chemin du retour, nous croisons de
nombreux groupes convoitant eux-aussi l’euphorie du sommet. Maintenant, ils seront plusieurs dizaines tout en haut de la montagne, alors que nous fûmes seuls, quelques instants plus tôt… Et maintenant, c’est la longue descente pour revenir au bivouac et l’interminable chemin du retour… Pourquoi la voiture me semble garée plus loin qu’hier ??? Cette journée aura été bien remplie. Nos compteurs s’affolent un peu : 1000 mètres de dénivelé positif, 2000 mètres de négatif (eh oui ! il faut bien redescendre de nos cimes élevées, sans compter tous les petits cols à franchir) mais aussi 20 kms de distance parcourue. Nous finissons un peu sur les rotules (pour ne pas dire beaucoup.) mais avec la tête remplie d’images fabuleuses.
Merci mille fois à Jean de nous avoir amené vers ces sommets magiques et envoutants.







CLUB ALPIN FRANCAIS ALBI SECTION CASTRES MONTAGNE
OMEPS
GOURJADE
ROUTE DE ROQUECOURBE
81100  CASTRES