Carnet de route
1er Pass'Aran pour le CAF de Castres !
Le 02/07/2023 par Alexandre Lokteff
C'est un circuit en itinérance, mythique, emprunté par bergers, contrebandiers, mineurs, pendant des siècles pour travailler et vivre, et civils républicains, exilés, maquisards qui tentaient de fuir et de survivre. Ce circuit permet aux sportifs entraînés de profiter des chemins, cols et sommets, dans le respect des valeurs de protection et de coexistence avec cet environnement naturel et humain : les Pyrénées.
Le Pass’Aran ?
Voulu par 5 gardiens de refuges d’Ariège et du Val d'Aran, le circuit rejoint chaque jour un refuge différent. Les étapes sont très variées, belle végétation, estives bien grasses, gros blocs pierreux et névés oubliés, il y en a pour tous les goûts ! Prévu pour être parcouru en 5 jours, nous avons opté pour 6 jours afin de couper la dernière étape qui aurait été particulièrement longue !
7 braves, bien préparés physiquement, avaient coché cette aventure dans leur programme de l'été : Martine P, Claire B, Monique G, Françoise V, Benoit F, Jean-Luc L et moi-même.
Dimanche 2 juillet
Un peu plus de 3 heures pour rallier la vallée d'Orle et garer les véhicules au parking répondant au nom bizarroïde de "parking de la pucelle" (Jehanne d’Arc serait-elle passée par là ?!). Direction les gîtes d'Eylie. Arrivée dans le brouillard et l'humidité, mais un accueil excellent et un repas bien reconstituant. Ce ne sont plus Nelly et Claude qui nous accueillent là-bas (désormais à la retraite), mais c’est leur fille, ce qui n'empêche pas le papa de venir aider sa fille à la cuisine, avec le tablier Pass'Aran s'il vous plaît ! A Eylie, nous avons reçu notre "pack de bienvenue" : tee-shirt orange "Pass'Aran", petit sac à dos en tissu bleu (ce dernier nous servira : une aubaine pour pouvoir escalader les sommets !), carnet d'estampes magnifiques du circuit, une carte “crédentiale” à faire signer chaque soir dans les refuges.
12,6 km de marche et 994 m de dénivelé positif.
Lundi 3 juillet
Montée aux anciens quartiers de mineurs du Biros, à Bentaillou, sous les pentes de la Mail de Bulard, où étaient exploités zinc et plomb. De là, nous basculons de l'autre côté du col d'Araing vers le lac et le refuge CAF. Certains ont continué pour gravir un petit sommet, un risque orageux menaçant notre montée au sommet du Pic du Crabère. Au refuge, nous rencontrons un groupe de 9 personnes parcourant le même circuit.
11,9 km de marche et 1625 m de dénivelé positif pour ceux qui auront atteint le Tuc de Bouc.
Mardi 4 juillet
Montée au Portilhon d'Albi (ou Albe) pour gagner le Val d'Aran sous une pluie légère. Le cap est mis sur le gros morceau du séjour : le Maubermé (2880 m), plus haut que le Mont Valier ! D'énormes masses nuageuses nous survolent, accompagnées d’un tonnerre encore lointain. Malgré tout, décision fut prise de grimper rapidement au sommet. Une montée dans la caillasse, parfois mains sur les blocs : de la rando montagne ++ ! Et au sommet, un superbe panorama circulaire ! La suite ne fut qu'une très longue descente en direction du refuge de Montgarri.
23,1 km de marche et 1283 m de dénivelé positif.
Mercredi 5 juillet
Direction le port de la Girette. Mais avant de l’atteindre, nous avons souhaité tenter l’ascension du Tuc de Barlonguère, un "deux mille huit cents" qui barre l'horizon. Une fois la raide crête frontière rejointe, deux groupes se sont formés, l’un vers le sommet, le second, vers le refuge des Estagnous. Le premier groupe, arrivé au pied de la paroi, dut rebrousser chemin (vent, état des troupes, terrain, …), il faut savoir renoncer ! Après le port de Barlonguère, plongés dans la purée de pois : ni lacs, ni sommets, ni Etang Long, ni Lac Rond. Bien longue remontée vers le refuge des Estagnous bien haut perché !
17,1 km de marche et 1549 m de dénivelé positif pour ceux qui auront tenté le Barlonguère.
Jeudi 6 juillet
Montée au Mont Valier après le petit déjeuner, 593 m de dénivelé positif nous séparent du sommet, dominé par des masses nuageuses grisâtres chargées d'humidité. Dans un temps record (1h20), le sommet est atteint. Le temps de prendre un selfie, la pluie nous arrivait dessus, nous obligeant à gérer une traversée rocheuse, heureusement aménagée avec des câbles ! Une météo clémente s’installa progressivement sur tout le massif. Un hélicoptère, effectuant des allées et venues vers un chantier à côté du refuge, focalisa notre attention, avant de rendosser nos sacs. Direction le col de Pécouch, pour descendre à travers les lapiaz vers l'étang du Milouga où fut pris un divin pique-nique au soleil. Direction la cabane du Taus, puis longue descente tout au fond de la vallée du Ribeyrot, à la Maison du Valier, plus luxueuse que celle de Montgarri : quel confort !
14,6 km de marche et 833 m de dénivelé positif.
Vendredi 7 juillet
Dernier jour ! le regard mélancolique, il faut envisager le retour à Castres ! Montée dantesque dans les bois, puis larges zigzags dans le vert des estives, et voici le col du clot du lac. Très grand beau temps ! Nous nous faisons le plaisir d’un petit post-scriptum en grimpant jusqu’au “Tuc du Coucou”, pour avoir une vue sur 360° ! S’ensuit une longue descente dans les estives, puis dans une hêtraie jusqu'au fond de la vallée où nous attendent nos véhicules.
10,4 km de marche et 973 m de dénivelé positif tout de même !
Ce Pass'Aran a été une réussite, le sourire et la bonne humeur du groupe palliant les carences de la météo !
Pour visualiser les photos, il y a plusieurs albums complets :
1/ https://public.joomeo.com/albums/64a9cd1c3593c
2/ https://photos.app.goo.gl/sVB963VgJtQHEsHw5
3/ https://photos.app.goo.gl/uf1oHkam6E2ApAn79
Livre d'or du séjour :
*** Benoit :
Le Pass’Aran, une première pour le CAF de Castres, je crois ? Une belle initiative et une belle réussite. Un grand merci à Alexandre qui n’a pas ménagé ses efforts pour nous faciliter la préparation et conduire les 6 randonneurs qui l’accompagnaient sur les chemins pentus voire très pentus parfois humides des Pyrénées ariégeoises. Une étude fine de l’itinéraire nous fit partir du parking de la pucelle pour rejoindre le gîte d’Eylie, parking que nous retrouverons six jours plus tard.
Que retenir de ces 6 jours ?
- les préoccupations des bergers en proie aux attaques des ours et confrontés à la réglementation européenne. Un beau témoignage de la part de cet éleveur- berger de 22 ans.
- les mines de zinc et de plomb : site minier de Bentaillou. Respect aux mineurs !
- les pentes bien raides (parfois humides) des sommets accessibles ( mont Valier) d’autres plus exposées ( Tuc de Maubermé)
- des paysages fleuris où isards et marmottes ont émerveillé notre passage
- les piques niques des différents refuges ou gîtes : celui de Montgari finissant loin devant les autres !
- une ambiance enjouée grâce à la bonne humeur des participants : Martine, Monique, Claire, Françoise, Jean Luc, Alexandre
Au plaisir de remettre ça !
*** Claire :
En complément, par rapport à ce qui a été dit par Benoit :
- l'étagement de la végétation, toujours le même et toujours différent selon le versant : hêtres et résineux pour ombrager les raides montées, paisibles et souriantes estives qui s'ouvrent à l'espace, au soleil et aux nuages, puis minéralité d'où émergent les sommets.
- Ombrée (l’ubac pyrénéen) ou soulane (l’adret pyrénéen), les fleurs, à ras de sol ou à hauteur de hampe, colorent avec vivacité chaque étage.
- des paysages, animés par les troupeaux, humanisés par les rencontres avec d'autres randonneurs, scrutés par les hôtes légitimes du lieu, rapaces et autres marmottes, faisant de la nature un cadre de vie privilégié.
*** Françoise :
Le Pass’Aran n’est pas une simple randonnée. Au fil des étapes, il tisse un lien entre la nature et l’être. Chaque jour, des paysages merveilleux s’ouvrent à nos yeux : bois, prairies, alpages, cailloux, rochers jusqu’au minéral pur des sommets, auxquels on se sent appartenir. On aime ces rencontres inattendues le long du chemin : rapaces, isards, marmottes intrépides, bergers, randonneurs que l’on retrouve souvent, le soir, aux refuges. Au fur et à mesure la magie opère jusqu’à ce que notre petit groupe ne fasse qu’un, face à l’effort, mais aussi dans la convivialité, la joie, les rires et l’enchantement de cette belle montagne.
Merci à vous tous, merci Alexandre.
*** Monique :
Un séjour bien sportif et instructif pour la flore, dans des montagnes si sauvages aux sentiers réservant toujours de belles surprises !
*** Jean-Luc :
Merci à tous pour ce séjour inoubliable. Super boulot d'Alexandre. Ce fut une découverte pour moi, les refuges. Un grand bonheur de partager sa passion avec un groupe extrêmement sympathique.
*** Martine :
Très beau périple en boucle qui m’a permis de parfaire la connaissance des plus hauts sommets d’Ariège et de faire la liaison de ce massif avec le Val d’Aran.
J’ai noté :
- La rudesse des pentes côté Ariège, qui porte bien son nom : «Terre Courage», avec ses vallées profondes et encaissées et en altitude, ses alpages émaillés de nombreux lacs.
- La 3ème étape : refuge de l’étang d’Araing - Montgarri, qui pour moi est la plus belle, avec des reliefs plus doux et des paysages variés et majestueux sur les Encantats, le Massif de l’Aneto.
- Côté rencontres, particulièrement intéressée par celle au col d’Arech avec un berger qui a permis d’approcher la problématique de l’ours, côté éleveur, avec les contraintes que la cohabitation leur impose (parcage des animaux, piétin, ronde de nuit, stress…) et les conséquences sur l’abandon des estives, et leur retour en friche ; la protection de l’ours pour une plus grande biodiversité a ses revers peut-être plus graves avec le recul de l’entretien de la montagne par les bergers…à réfléchir…
- Le partage des connaissances floristiques entre Claire et Alexandre qui a donné lieu à de sympathiques joutes verbales






